Création :
2020
Une pièce de :
Sergi BELBEL
Mise en scène de :
Clémence SCHIRMER


Note d'intention

C’est l’histoire d’une troupe. D’un groupe qui se retrouve enfermé, contraint de s’éloigner, chacun est confiné, coincé, limité... l’unique moyen d’exister est de se réunir, d’échanger et de créer dans le seul espace qui autorise et permet cela : un huis clos numérique où doit continuer de résonner notre théâtre.

Incertitudes...Prendre la décision d’arrêter ou laisser libre cours à la folie, aux possibles... Le théâtre me l’autorise depuis si longtemps alors pourquoi hésiter? Être capable de se réinventer. Unir les compétences, transmettre l’envie d’essayer. Évoluer: condition nécessaire à la survie. Et alors, au pire quoi? Quel est le risque? Notre scène, d’ordinaire enveloppe bienveillante du dépassement de soi, n’est plus, crise sanitaire oblige. Alors comment définir cet espace de jeu dans le cocon de nos appartements.

Comment oser lâcher-prise dans ce nouveau quotidien et s’abandonner à quelques mètres de sa famille, exposé au vis à vis de ses voisins? Comment jouer par écrans interposés? Comment? L’expérience nous le diras. On vous en parlera parce que c’est extraordinaire et nécessaire. La confiance en soi, en l’autre, en les autres, faire vibrer le texte dans nos antres pour vous le faire entendre dans vos divans, ni une ni deux, se saisir du progrès technologique, à la fois rassembleur et déshumanisant, envoûtant et effrayant. Choisir des éclaireurs et en parler. Se confiner dans ce dedans - dehors que Belbel et le Covid 19 nous imposent et changer la donne. Il ne s’agit pas là de réinventer le théâtre mais de créer cette forme unique dans ce moment particulier que vous nommerez comme vous le voudrez.

Se déconfiner dans ce huis clos à ciel ouvert, mettre du sens et apprendre à guider ses comédiens à distance. Expérimenter la privation de libertés individuelles à travers ce contexte actuel inédit et le mettre en scène, en live, par le biais de ces personnages qui nous invitent à découvrir l’évolution de la relation à l’autre, l’explosion des actes, l’exploration de la saturation et de la violence. L’incompréhension dans la communication, les conséquences de nos actes, nos pensées éveillées meurtrières, tout y est disséqué, déployé comme une grande farce collective à laquelle participe les spectateurs amusés. Rire pour vivre, vivre pour rire?

C’est l’unique règle que nous nous sommes fixés. Elle est fondatrice de chaque atelier que j’anime: le plaisir du jeu. Au milieu de l’averse technique toujours plus exigeante il était nécessaire que les jeux résonnent pour chacun des comédiens. Au fil des semaines, l’engagement a été total et pluriel. Quelle est belle la cohésion des humains. Qu’attendons-nous pour se donner les moyens de faire mieux?
J’espère que vous entrerez dans notre jeu qui avouons-le, sans ce confinement n’aurait sans doute jamais existé.